F.A.Q.
Foire aux Questions
Foire aux Questions
Au fil de mes rencontres, notamment avec des étudiant.e.s, il m’est arrivé qu’on me pose de manière récurrente les mêmes questions, que ce soit sur ma formation universitaire, comment devenir éthologue, où faire son stage en éthologie, comment obtenir une thèse, ou en quoi consiste réellement le métier. Vu que j’ai quitté le milieu académique, on me demande aussi comment je suis devenue vulgarisatrice scientifique.
Voici donc quelques débuts de réponses. N’hésitez pas à me poser d’autres questions, cette section est pour vous !
Pour étudier le comportement des animaux aussi bien en laboratoire qu’en milieu naturel, il existe plusieurs voies, mais on passe forcément par de longues études. Si vous optez pour l’université, il vous faut une licence de biologie ou de psychologie (3 ans), puis un master d’éthologie (2 ans) soit un niveau Bac +5.
La biologie est souvent privilégiée pour intégrer le master mais on peut aussi passer par une licence de psychologie. Les trois principaux masters d’éthologie en France sont ceux de Rennes, Paris XIII et Strasbourg, mais il en existe d’autres, moins spécifiques, plus diversifiés et qui traitent davantage d’écologie, comme à St Étienne ou davantage de neurosciences comme à Toulouse. Au bout de ces 5 ans d’étude, ça y est ! Vous êtes éthologue ! Mais si vous voulez poursuivre dans la recherche, il vous faut faire une thèse, qui dure habituellement 3 ans de plus (souvent 4), et au cours de laquelle vous êtes à la fois étudiant et salarié. La thèse compte comme un diplôme mais aussi comme un premier emploi. Vous menez votre propre projet d’étude et élargissez votre champ de recherche. C’est beaucoup de travail mais c’est très stimulant.
Après un Bac scientifique, option SVT décroché au lycée Jean de la Fontaine de Château-Thierry, je suis partie faire une Licence de Biologie Cellulaire et Physiologie à la faculté des sciences de Reims. J’étais jeune, pas forcément très bien renseignée et j’ai pris la première licence de biologie générale que je trouvais, la plus proche géographiquement de chez moi. C’était une formation complète et bien menée mais clairement ce n’est pas trop ce que je souhaitais. Beaucoup de physiologie, de biochimie, et assez peu d’études plus naturalistes en écologie ou en éthologie. Après coup, j’ai réalisé qu’une Licence Biologie des Organismes m’aurait bien mieux convenue. Mais qu’importe ! J’avais mon diplôme.
Après ces 3 ans d’étude et ma licence en poche, je suis partie à Paris XIII- Villetaneuse pour suivre le Master d’éthologie en 2 ans. Après une première année qui remplissait mes attentes (que des cours sur les bestioles, enfin !), j’ai signé pour une seconde année et optait pour le Master II, spécialité recherche éthologie fondamentale et comparée. J’ai fini mon cursus en juin 2011. Mais c’est après que ça s’est corsé…
Pour obtenir le fameux Graal qu’est la thèse, ça a été une autre paire de manche. J’ai postulé à plusieurs sujets de thèse en France à l’étranger après mon master, mais sans succès. Je suis donc partie faire un stage à l’étranger sur les corvidés de 3 mois (choucas et corneilles de Nouvelle-Calédonie), repris contact avec mon encadrante de stage de M1, et écrit mon propre projet de thèse. Pendant 9 mois, j’ai donc affiné le projet et je l’ai présenté à l’école doctorale de Nanterre, tout en postulant à d’autres thèses toute prêtes. Mais rien n’aboutira.
En septembre 2012, j’ai donc repris un Master II en recherche en psychologie à l’université de Paris Ouest-Nanterre-la Défense, dans le but unique et non dissimulé d’être une candidate interne au laboratoire de Nanterre afin de décrocher le précieux sésame. J’ai affiné mon sujet de thèse et candidaté à de multiples bourses de financement. Et là, banco, ça a fini par fonctionner : j’ai finalement décroché la bourse DIM Cerveau et Pensée attribué par la région Île de France et j’ai pu commencer mon doctorat à la rentrée 2013 sous la direction de Dalila Bovet et Auguste von Bayern, avec qui j’avais déjà travaillé au cours de mon cursus.
Excellente question !
Surtout que quand j’étais plus jeune, je n’avais aucun intérêt particulier pour les volatiles. Je n’arrivais pas à les dessiner (ils n’ont pas de bras), et rien que pour ça, ça suffisait à m’agacer ! Après bien sûr, j’aimais observer les oiseaux dans mon jardin ou en promenade (les oiseaux, il y en a partout, même en ville), mais je n’avais pas l’idée de me spécialiser dessus.
Le déclic s’est fait lors de mon stage de Master I, au Laboratoire de Nanterre, lorsque j’ai travaillé deux mois avec des perroquets Gris du Gabon (et des perruches ondulées, un peu). Leur intelligence et toutes les interactions avec eux, m’ont surprise et fascinée. Je m’y suis beaucoup attachée et celà a profondément contribué à changer ma vision des oiseaux. J’ai alors voulu continuer à étudier l »intelligence » des animaux et plus particulièrement, celle des corbeaux et des perroquets, les superstars en la matière.
Printemps 2010 avec Shango (à gauche) et Léo (à droite)
lors mon stage de master 1 (photo de Lou-Salomé).
Et bien non ! Ma monomanie est arrivée un peu plus tard, ce qui m’a permis d’expérimenter avec d’autres genres de bêbêtes.
Au cours de mon cursus et lors de stages volontaires j’ai travaillé sur diverses thématiques. J’ai réalisé une étude au Parc de Sainte Croix sur une jeune meute de loups européens en période d’élevage des jeunes, évalué dans le Laboratoire d’Écologie Générale du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris et du CNRS, les conséquences du vieillissement sur la mémoire et la force musculaire chez un petit lémurien, le microcèbe et enfin, j’ai testé les aptitudes de partage alimentaire chez des capybaras (les plus gros rongeurs du monde !) à la Ménagerie du Jardin des plantes de Paris. Il n’y a donc pas que des emplumés dans mon CV.
Pour ce qui est des oiseaux, j’ai essentiellement travaillé avec des perroquets (perroquets gris du Gabon, perruches ondulées, perruches calopsittes) et des corvidés (corneilles de Nouvelle-Calédonie, choucas des tours et un peu de corbeau freux et de corneille mantelée).
Mes collègues à poils et à plumes entre 2009 et 2017
L’éthologie, m’est apparu assez vite comme une évidence, alors que j’étais collégienne. J’ai toujours été obnubilée par les animaux. Je ne me voyais pas consacrer ma vie à autre chose. J’ai rapidement compris que le métier de vétérinaire ne m’attirait pas (le côté chirurgical, la gestion des propriétaires d’animaux, les euthanasies…).
J’ai envisagé un temps de bosser comme soigneur animalier. Quand j’avais 10 ans, j’avais posé des questions à une soigneuse en parc zoologique qui avait répondu en riant, que ça consistait surtout à nettoyer et charrier des cacas de toute sorte. Ça ne m’a jamais dérangé, tant la proximité avec les animaux de toute sorte m’attirait. Et puis, plus tard, j’ai compris que c’était un boulot très physique (assez peu compatible avec ma carrure de crevette anémique). Pour l’avoir testé bien plus tard, lors d’une matinée d’initation, je peux l’attester : charrier des ballots de paille à la fourche, ça ne s’improvise pas et mieux vaut avoir un peu de muscle en réserve. J’ai donc compris que si je voulais travailler auprès d’animaux, sans me ruiner le dos, la recherche fondamentale et l’éthologie étaient la meilleure voie pour moi. Ce n’était pas pour autant une voie aisée, car je n’étais pas du tout « scientifique » dans l’âme : mon cerveau freeze dès qu’il détecte des chiffres et j’ai pas mal souffert de devoir bachoter les maths, la physique et la chimie au lycée et à la fac pour arriver à mes fins. La bonne nouvelle c’est que si j’ai réussi, malgré tout ça, c’est que c’est possible.
Je l’ai découvert plus tard mais il y a un côté très stimulant en recherche fondamentale (que ce soit en éthologie ou dans tout autre domaine), à toujours se poser de nouvelles questions et bosser dur pour essayer d’y répondre. On est tout de même payé pour faire avancer les connaissances du savoir humain. Rien que pour ça, je pense que c’est l’un des plus beaux métiers du monde ! Je voulais continuer à apprendre chaque jour, être en constante recherche d’informations, de connaissances. C’est un métier extrêmement stimulant pour ça, où chaque journée est une aventure. Même si c’est aussi très prenant, la recherche permet de combiner plein de choses différentes (apprendre, transmettre, expérimenter, travailler seul ou en groupe), et je pense que cet aspect un peu éclectique me plaisait aussi.
À peu près oui. J’ai toujours été passionnée par toutes sortes d’animaux depuis ma tendre enfance. Sur une fiche d’orientation à remplir à l’entrée en 6ème, retrouvée il y a peu dans mes archives, j’avais noté en première position « zoologiste » et en seconde « dessinatrice« .
Disons que j’ai de la suite dans les idées !
En recherche, il n’y a pas vraiment de journée type et c’est là toute la beauté de la chose ! C’est un métier excessivement stimulant avec quantités de missions différentes. Au début de mon doctorat, j’ai fondé la colonie d’oiseaux sur laquelle j’ai travaillé ensuite pendant plusieurs années. Je suis donc quasiment partie de zéro. Du coup, j’ai acheté mes perruches (il a fallu trouver les éleveurs, nettoyer et aménager les pièces pour les accueillir, finir de les nourrir à la main pour les plus jeunes pour qu’ils soient habitués aux humains), et j’ai ensuite passé des semaines, à juste passer du temps avec elles, pour les familiariser à être manipulées et à participer à des expériences.
En parallèle, je lisais beaucoup d’articles scientifiques en anglais, pour faire la bibliographie et m’assurer que les protocoles des expériences que je voulais réaliser étaient en continuité avec ce qui avait déjà été testé ailleurs par d’autres équipes de recherche. Se documenter ainsi permet d’éviter certaines erreurs, de s’interroger, voire de poser des questions à des collègues pour reproduire ou modifier une expérience qui a déjà été faite par le passé. Ensuite, il y a la mise en place concrète des expériences, avec l’écriture des protocoles, la conception et la création des dispositifs expérimentaux (où on se remonte les manches et où on bricole intensément), les crash tests où on réalise que les oiseaux ne réagissent pas du tout comme prévu (ils sont souvent plus futés ou plus craintifs que ce que l’on avait envisagé !), les vraies expériences où l’on est en direct avec les animaux, puis les analyses des données, où l’on regarde des heures et des heures de vidéos pour récolter les données et analyser les comportements qui nous intéressent.
Parfois, on est amené à recruter des étudiants pour nous assister dans la récolte des données ou l’analyse des vidéos, du coup c’est encore un travail différent, pour lequel il faut souvent improviser. Il faut lire les CV, les lettres de motivation, faire des entretiens d’embauche, récupérer les conventions de stage, relire et corriger les rapports de stage, entraîner les étudiants à leur soutenance… J’ai toujours trouvé ça important d’accompagner les étudiants autant que possible pour leur donner toutes les clés, pour mieux appréhender ce métier.
Il y a aussi tout le travail d’analyses statistiques (pour lequel il faut se former à des logiciels comme R), puis d’écriture des articles scientifiques. Quand on publie ses recherches dans un journal, il faut aussi faire tout une série d’échanges avec les relecteurs qui corrigent et critiquent nos travaux pour les améliorer et les rendre les plus compréhensibles possible. Ce processus de publication (dit « à comité de lecture », peer-review en anglais, car le travail est relu et évalué par des collègues) dure habituellement plusieurs mois, parfois une année ou…beaucoup plus.
De manière plus ponctuelle, on prépare aussi des interventions en conférences et en colloque pour présenter ses travaux, le plus souvent à l’étranger et en anglais. J’ai toujours adoré cette partie là du job, car elle permet d’échanger concrètement, avec des gens passionnants, passionnés , qui ont parfois expérimenté les mêmes galères, déboires ou illuminations que nous. J’en suis toujours revenue boostée !
Enfin, ce n’est pas le cas de tous les doctorants, mais à Nanterre, on avait tous des missions d’enseignements, donc on donnait des cours de biologie aux étudiants de licence en psychologie et master MEEF (futurs professeurs des écoles) de la fac. Donc il y a du face public, de la correction de copies, de la préparation de cours, de la surveillance d’examens, et parfois même de la gestion de conflits !
Une journée en tant que jeune chercheur, ça peut être un mélange d’un peu tout ça à la fois.
Oulah. Question difficile ! Il est impossible de le quantifier précisément. Pour moi en tout cas. Déjà, parce que chaque thèse est différente. Et ensuite parce que chaque journée est également différente. Certains de mes collègues partent par exemple 4 mois d’affilée à travailler 7 jours sur 7 pour observer des animaux sauvages. Donc cela veut dire que quand ils sont sur le terrain, ils travaillent sans relâche, car ils n’ont que cette période courte pour faire leurs expériences et leurs observations. C’est le cas notamment pour celles et ceux qui s’intéressent aux comportement de reproduction ou de choix de partenaires. Les oiseaux, par exemple, ne font des petits qu’une fois par an, alors il ne faut pas louper le coche ! Quand j’étais en Allemagne, lors de ma dernière année de thèse avec les choucas, nous avions un jour de repos par semaine, et l’on faisait tout à la station (soin aux animaux + entretien des locaux + expériences), ce qui impliquait de travailler du lever au coucher du jour (tant que les oiseaux étaient actifs), donc en hiver de 7h à 18h, plus tard en été.
Ensuite cela dépend de si l’on vous confie des heures d’enseignement à donner, si vos expériences sont longues à mettre en place, etc…L’emploi du temps est relativement prévisible, quand on enseigne, on a des horaires imposés, mais sinon, il faut réussir à avancer sur sa thèse en dehors. Comme je ne suis personnellement pas du tout du matin, j’arrivais souvent au labo vers 10h30, mais habituellement j’y restais jusque 21h. Après, là aussi dans des moments de rush, je suis déjà restée en solitaire, pour bosser au calme dans le labo désert jusqu’à minuit. Quand il faut que les derniers résultats soient analysés parce qu’on doit présenter nos trouvailles à un colloque international, on n’a pas le choix, il faut que ce soit prêt. On peut aussi bosser le week-end. Il n’y a pas trop de règles. Mais dans mon labo, les gens étaient « souples ». Qu’importe les heures que tu passes au laboratoire, du moment que le travail est fait. Mais faire une thèse, avec des horaires réguliers, 9h-17h, ça me semble difficile, surtout quand on travaille avec du vivant, complètement imprévisible. On n’est jamais à l’abri d’un oiseau qui tombe malade un vendredi soir à 19h qu’il faut urgemment emmener chez le vétérinaire. Cela m’est arrivé à plusieurs reprises et de devoir passer le week-end au labo pour leur faire les soins et leur donner les médicaments à heure régulière. Mais leur bien-être était à ce prix.
J’imagine que selon le sujet, s’il y a par exemple beaucoup de modélisation sur ordinateur, il est possible d’avoir des horaires plus proches de ceux d’horaires du bureau.
Même si c’est difficile à doser, gardez en tête qu’une thèse est un marathon, et qu’il faut aussi s’aménager des moments de repos. En étant épuisé, on fait des erreurs, on peste et ce n’est pas du tout productif. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais il faut aussi s’économiser.
Les deux, mon capitaine !
J’ai beaucoup travaillé en indépendance totale. Lire la bibliographie, réfléchir aux protocoles, recruter les étudiant.e.s, ça je le faisais beaucoup seule. Pareil pour préparer mes interventions publiques officielles en conférence, et lorsque je faisais de la vulgarisation scientifique, ou encore quand je devais régler des soucis administratifs (et quand on est enregistrée comme étudiante dans deux pays, on maximise les chances d’avoir des pépins, croyez-moi sur parole !).
À l’origine du projet, pour chercher des financements et délimiter les expériences de thèse, mes deux directrices de thèse m’ont accompagné et donné des conseils. Mais j’ai aussi, et beaucoup travaillé en équipe. Les autres chercheurs et chercheuses du labo, ainsi que mes copains doctorant.e.s m’ont donné de nombreux conseils et ont été d’une aide précieuse. J’ai eu la chance d’être un labo avec une bonne ambiance et une chouette dynamique d’équipe. On se réunissait par exemple une fois par semaine pour le journal club pour analyser un article scientifique, tous ensemble (ce qui forge l’esprit critique). Mes collègues m’ont aussi aidé pour des analyses statistiques (pour lesquelles j’ai toujours été à la ramasse) et sur l’aspect technique de certaines de mes manips, notamment celle sur le son, ce qui n’était pas du tout mon domaine de compétence. Ils m’ont aidé à installer les caissons acoustiques, créer grâce à un logiciel un bruit « blanc », artificiel, et enregistrer le son correctement. Ils m’ont aussi beaucoup aidé lors des enseignements, en me confiant des cours déjà préparés pour me faciliter la tâche. Aussi, je n’aurai pas pu faire mon travail sans l’aide de tous les stagiaires que j’ai encadré pendant ma thèse. En tout, et sur 4 ans, j’ai encadré 12 étudiants de divers niveaux, sur des périodes allant de 3 à 5 semaines (le plus courant) à 6 mois (rare). Même si les former était une tâche supplémentaire, parfois très prenante, leur aide a été cruciale, et je n’aurai jamais pu accomplir tout ce travail sans eux.
Mais celui à qui je dois le plus est sans aucun doute le chef animalier de mon laboratoire, ainsi que son équipe de soigneuses. Il m’a énormément aidé pour la création de la colonie d’oiseaux, pour prendre soin des animaux (nourrissage, nettoyage des volières, création d’enrichissements). Il m’a aussi régulièrement emmené lors de longs allers-retours chez le vétérinaire (souvent le vendredi soir à 19h, car les oiseaux tombent toujours malades à ce moment là !) et il m’a aussi aidée à construire les dispositifs expérimentaux. Je lui en suis immensément reconnaissante.
Merci Philippe !
Quand on parle « du terrain », cela signifie que l’on travaille en milieu naturel, sur des animaux sauvages. Pour ma part, j’ai toujours travaillé avec des animaux habitués à l’être humain, nés en captivité et hébergés en laboratoire. C’est souvent le cas en cognition. Comme on utilise souvent des dispositifs que les animaux doivent apprendre à manipuler, il est plus simple de travailler avec des animaux qui n’ont pas peur de nous, ni des objets qu’on leur présente. Pendant ma thèse, par exemple, la colonie de perruches calopsittes était installée en intérieur, au laboratoire et les choucas des tours vivaient dans des volières extérieures (avec mes étudiant.e.s, on a passé de bons moments sous la neige au mois de février dans la forêt bavaroise…). Le terrain et le labo sont complémentaires et il est essentiel de bien connaitre le mode de vie des animaux sauvages dans leur milieu et de passer par du labo pour leur poser des questions plus spécifiques.
Perruches calopsittes en France et choucas des tours en Allemagne
(photos de G.Huet des Aunay et Christiane Rössler).
Lorsque l’on décroche une bourse de thèse, on est financé pendant 3 ans pile poil, et l’on touche un salaire mensuel d’environ 1400 euros nets pas mois. Parfois il est possible d’additionner ce que l’on appelle un « avenant », un contrat supplémentaire qui permet de donner des heures de cours à la fac, ce qui, selon les universités, peut monter jusqu’à 200 euros par mois en plus. Parfois, mais c’est plutôt rare en éthologie, certaines thèses sont partiellement financées par des entreprises, on parle de thèse CIFRE. Pour le coup, le salaire est j’imagine équivalent voire plus élevé.
Une fois que l’on a un poste fixe et stable, à la fac ou au CNRS, le salaire augmente par échelon puisque l’on bénéficie du statut de fonctionnaire de la fonction publique.
Dans le privé, le salaire évolue différemment, avec des règles propres à l’entreprise.
Les avantages : métier très enrichissant, très stimulant, pas deux journées identiques, une multitude de mission à mener, contact privilégié et prolongé avec des animaux, échange avec des gens passionnants aux parcours souvent incroyables et venus de tous pays, ouverture sur le monde, travail en équipe enrichissant, un côté très « touche à tout » et multi-tâches !
Les inconvénients : lourde charge de travail, travail en équipe qui peut représenter une contrainte, précarité le temps de trouver un poste fixe (ce qui peut être très long), postes rares, salaire modeste vis-à-vis du niveau d’études, milieu très compétitif (il faut publier souvent) et manœuvres politiques à craindre (ce ne sont pas toujours les meilleurs candidats qui décrochent un poste).
Pour devenir chercheur ou chercheuse, la majorité des candidat.e.s passent par l’université, et cherchent à obtenir un poste fixe comme maître de conférence et ainsi faire de l’enseignement et de la recherche. L’autre alternative est d’obtenir un poste auprès d’instituts de recherche nationaux comme le CNRS, l’INRA, le Muséum National d’Histoire Naturelle ou encore l’IFREMER où il n’y a généralement pas de charge d’enseignement et où le travail est uniquement lié à la recherche (et à la recherche de financements, mais ça c’est une autre histoire).
Les postes sont accessibles sur concours et peu de nouveaux postes s’ouvrent malheureusement, ce qui veut dire qu’après la thèse, il faut souvent s’engager sur plusieurs années de contrats à durées déterminés appelés « postdocs » avant d’avoir un dossier assez solide pour pouvoir postuler à un poste fixe. Pour être valorisé, les post docs se déroulent souvent à l’étranger. Les meilleurs dossiers sont ceux qui comportent le plus d’articles publiés, dans des revues prestigieuses, ce qui demande énormément de travail et pas mal de frustrations, car le processus de publication est long et difficile.
Certains chercheurs trouvent également des postes dans le privé, dans des entreprises telles que Diana Pet Food, Mars ou Nestlé à l’origine de marques de nourriture pour chiens et chats comme Purina et Royal canin, ou encore l’IRSEA, un laboratoire privé qui cherche à comprendre l’interaction des animaux avec leur milieu, notamment par l’intermédiaire de la communication chimique. Les animaux de compagnie représentent en effet un marché important et des scientifiques sont recrutés pour tester des préférences alimentaires pour de nouveaux types d’aliments ou encore développer de nouveaux produits (jouets, objets du quotidien comme les gamelles et types de litières, phéromones, etc…).
Il existe aussi des alternatives au métier de chercheur « académique » quand on veut faire de l’éthologie, avec notamment une voie plus « appliquée« , qui ne nécessite pas forcément de passer par une thèse : pour travailler au bien-être des animaux captifs en parcs zoologiques ou en élevage, monter des fermes pédagogiques, devenir éducateur canin, comportementaliste, spécialiste de la relation humain/ animal de compagnie, médiation assistée par l’animal, etc…Le M2 de Paris XIII « éthologie appliquée » propose une formation spécifique à cette voie, mais vos expériences personnelles pèsent énormément dans la balance.
Attention, cependant, si c’est la conservation, la sauvegarde du vivant qui vous intéresse, il existe des formations plus spécifiques, comme par exemple, le Master biodiversité, écologie et évolution (parcours gestion de biodiversité) de l’université de Toulouse, qui forme au suivi de population, à l’écologie, etc.
L’écologie, l’étude des espèces dans leur milieu et leur protection, c’est différent de l’éthologie, où l’on essaie de comprendre le comportement d’un animal (même si, bien sûr, l’environnement joue un rôle aussi sur le comportement). Il existe une foule de formations spécialisées en la matière, mais je ne suis pas la mieux placée pour vous renseigner au mieux. Sachez qu’il y a tout un pan de la recherche qui y est dédiée aujourd’hui, donc n’hésitez pas à fouiller en ce sens.
Et bien, il existe plein d’autres parcours et d’alternatives. J’ai plusieurs amis, qui après une thèse en éthologie (en lien avec le son, souvent), sont partis dans le privé, et ont intégré des bureaux d’études dédiés à l’environnement. Ce métier nécessite souvent des savoirs naturalistes et vise à faire des inventaires de faunes et de flore, pour valider (ou non) des projets de construction (éoliennes par exemple) dans certains milieux. Il vous faut donc savoir identifier certaines espèces avec précision. Plusieurs spécialités et fonctions existent dans ce genre d’entreprises, mais ceux qui sont sur le terrain sont souvent formés à la pose de boîtiers qui enregistrent les chants d’oiseaux et les cris de chauve-souris, par exemple. Ils permettent d’analyser quelles espèces sont présentes sur la zone sans trop interférer. C’est un métier qui nécessite d’être beaucoup dehors, de faire des kilomètres et de souvent travailler seul, mais il permet de chouettes découvertes (le chant de l’alouette au soir, quel délice !). Ce sont souvent des gens issus d’écologie et de gestion des milieux qui y sont recrutés, mais pas obligatoirement. il est aussi très possible d’être recruté pour une spécialité (la reconnaissance des oiseaux au chant par exemple), et de vous former ensuite sur place à d’autres taxons (chauves-souris, insectes, etc). Personnellement, je connais les grands bureaux comme Biotope, Calidris et Naturalia, mais il y en a plein d’autres, de tailles plus modestes comme ECE environnement. C’est une niche en pleine expansion et il y a forcément un bureau d’études pas loin de chez vous.
Au croisement des disciplines, et si vous avez l’envie de vous former à l’identification naturaliste, d’agir au niveau légal et/ou faire de la sensibilisation auprès du grand public, certaines associations offrent des postes permanents aux profils variés. Ils sont, là aussi, plutôt rares mais ils existent. A titre d’exemple, et pour les avoir un peu fréquentés, je ne peux que vous conseiller les associations Nature en Occitanie et Bretagne vivante, qui font un super boulot. La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) est aussi une asso à portée nationale, aux nombreux bureaux régionaux, qui embauche régulièrement. Bref, il faut un peu s’y pencher, car c’est un système qui fonctionne en réseaux (il vaut mieux se faire connaître via stages ou services civiques en amont) mais le milieu associatif joue lui aussi un rôle primordial pour la protection des écosystèmes et de leurs habitants.
D’autres encore, comme moi, quittent le milieu académique et font de la vulgarisation scientifique auprès du grand public, pour parler d’éthologie et/ou d’écologie à tout le monde. Chez les auteurs et autrices d’ouvrages documentaires, vous pouvez retrouver Emmanuelle Grundmann, Jean-Baptiste de Panafieu et Fleur Daugey qui ont suivi un parcours académiques avant d’écrire des livres. D’autres, multiplient les actions et les supports et se sont fait connaitre via les réseaux sociaux comme Anne-Sophie Deville d’Anneso_what, Raphaël d’Antenne Zoologie ou Hugo Chevallier et sa team, qui se cache derrière l’association Ad naturam. Mais être diplômé n’est pas un pré-requis pour être un bon vulgarisateur. A vous de trouver votre patte et de transmettre votre passion pour un sujet. Il est aussi possible de se plonger dans la biblio et de faire appel à des spécialistes, si vous avez peur d’être imprécis. Sur youtube, je ne peux que vous recommande chaudement le travail de Marie de La boîte à curiosités et de Marie Wild qui allient sérieux et fun.
Si vous choisissez cette voie, il vous faudra alors découvrir comme moi les joies d’être travailleuse indépendante. Facturer, se créer des statuts d’auto-entrepreneur et d’artiste-auteur…Une fois le bazar administratif plus ou moins réglé, il faut offrir des prestations variées, savoir les facturer, se faire connaître, et trouver des clients, etc…C’est effrayant de se lancer, et il faut parfois y aller progressivement (en prenant un job à mi-temps par exemple pour s’assurer un revenu fixe) mais le métier vient avec son lot de satisfactions et de chouettes collaborations. Jusqu’à présent, j’ai eu la chance d’intervenir en écoles, médiathèques, parcs zoologiques et muséums pour donner des conférences et signer des ouvrages en tant qu’autrice et illustratrice. Cela permet de toucher des publics variés et c’est extrêmement plaisant quand vous avez la sensation d’avoir (même un peu) touché votre auditoire.
Pour bosser en éthologie, il faut être patient. TRÈS patient. Et ne pas compter ses heures. Quand on travaille avec des animaux, il faut aussi être prêt à faire face à l’imprévu. Un animal qui tombe malade, ça peut arriver n’importe quand, tous les jours, à toutes les heures, week-ends et vacances inclus.
Mais les expériences aussi, demandent de la patience. Tous les oiseaux avec lesquels j’ai travaillé étaient néophobes, c’est à dire qu’ils avaient peur de tout ce qu’ils ne connaissaient pas, les objets nouveaux notamment. Lors de mon stage avec les perroquets, nous avons passé près de 3 semaines juste à les entraîner à rester à côté d’un petit écran en carton sans qu’ils en aient peur (alors qu’ils avaient déjà vu des tonnes de cartons avant !). C’est parfois frustrant, mais ça fait partie du jeu. Il faut s’adapter au rythme de ses collaborateurs.
Surtout, et avant tout chose : soyez conscients des risques. Le métier est difficile, il y a peu de postes disponibles, et il nécessite pas mal d’abnégation et d’endurance. Être chercheur nécessite un doctorat (Bac +8), une ou plusieurs expériences courtes (et souvent précaires) à l’étranger appelées « post-docs » (post-doctorat) de plusieurs années avant de finalement trouver un poste stable dans un laboratoire de recherche (au CNRS ou à l’université), ouvert sur concours. Ce qui veut dire que même d’excellents scientifiques doivent attendre des années avant d’avoir un poste permanent dans un labo, ce qui peut paraître complètement injuste. Après, pour celles et ceux qui tentent l’aventure, cela peut être aussi très stimulant: on voyage beaucoup, on vit à l’étranger, on s’ouvre aux autres et à d’autres expériences et cultures. C’est très motivant ! Mais ça ne convient pas à tout le monde. Il faut être prêt à bouger et à mettre un peu vos vies amicales et familiales entre parenthèse. Et aujourd’hui, avec le peu de postes disponibles, l’attente peut être longue et très incertaine. C’est un travail de longue haleine, extrêmement prenant et si les études longues ce n’est pas votre truc, envisagez une autre voie. Mais je vous rassure, bosser avec des animaux, les protéger ou sensibiliser le public, il y a plein d’autres moyens de le faire (voir plus bas) !
Donc même si c’est difficile, ce n’est pas complètement impossible. Ce qu’il faut c’est être conscient de tout ça avant de s’engager, pour éviter les déceptions. Je suis toujours hésitante, car, plus jeune j’aurai détesté qu’on me dise que c’était fichu et perdu d’avance. A vous de tenter l’aventure (ou non), en gardant les conditions nécessaires à réunir, en tête.
Mon autre conseil, outre le fait d’être acharné, c’est de faire un maximum de stages. Malheureusement, c’est le plus souvent en tant que bénévole (l’argent est rare en recherche. Là aussi, si vous voulez faire fortune, éthologue, ce n’est pas le meilleur plan !), mais c’est ce qu’il y a de mieux pour appréhender les différentes facettes du métier et se confronter aux réalité du terrain. En plus, ça vous fait un bon CV et ça vous donne plus de chances d’être retenus pour vos stages obligatoires de Licence et Master. Et comme le milieu est tout petit, tout le monde se connait. Si vous faites du bon boulot, le mot se passera d’un labo à l’autre et vous mettrez tous les atouts de votre côté pour la suite.
Les thématiques abordées dans les labos varient au fur et à mesure du passage des thésards et des financements reçus par les chercheurs et chercheuses. C’est donc toujours un peu en mouvement. Cependant, plusieurs labos publics français, étudient la cognition animale (les mécanismes d’apprentissage, de résolution de problèmes etc) depuis plusieurs années et continuent de le faire actuellement.
Voici ceux qui me viennent à l’esprit :
– Le Laboratoire Éthologie Cognition Développement (LECD) à Nanterre (mon ancien Labo)
– L’unité Intéractions Primates et environnement, au Muséum d’Histhoire Naturelle de Paris/Paris 7
– Le laboratoire ETHOS à Rennes et Caen
– Le Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CRCA) de Toulouse
– L’équipe Cognition Éthologie Bien-être animal à l’INRAE de Tours ainsi que l’équipe Éthologie Cognitive et sociale qui y est aussi rattachée administrativement mais dont les membres sont à Strasbourg.
– Le département de Cognition Comparée du laboratoire de Psychologie Cognitive, à Rousset, près de Marseille
Il existe bien d’autres labos publics en France métropolitaine, qui étudient le comportement animal, mais certains font aussi de la neuro ou sont plus axés écologie. J’ai essayer d’en recenser quelqu’uns, mais cette liste n’est pas exhausitve. Vous pouvez aller jeter un oeil au site de Institut Neuro PSI de Paris-Saclay, et plus particulièrement à l’équipe de Neurosciences Cognitives et des Réseaux.
Il y a le Laboratoire d’Éthologie Expérimentale et Comparées (LEEC) à Paris-Nord, L’ENES de St Etienne, le labo LBBE de Lyon et plus particulièrement l’équipe Évolution, Adaptation et Comportement ou encore le département d’Écophysiologie, Comportement, Conservation du labo LEHNA, le département d’Éthologie et Physiologie Évolutive (EPE) de l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien de Strasbourg, l’unité mixte Biogeosciences à Dijon et les travaux de l’équipe Eco/Evo, le Centre d’Études Biologique de Chizé, la Station d’Écologie Théorique et Expérimentale (SETE) de Moulis. L’INRA de Clermont-Ferrand s’intéresse aussi beaucoup au bien-être des animaux d’élevage, allez voir le travail de l’équipe Comportement Animal, Robustesses et Approche Intégrée du Bien-être (CARAIBE).
La ville de Montpellier est réputée pour sa formation en écologie, et l’on y trouve le Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive et en particulier le département d’Écologie comportementale et écologie évolutive empirique, communication et coopération. À Toulouse, il y a aussi de l’écologie et un peu de comportement au sein du laboratoire Évolution et Diversité Biologique (EDB) et plus particulièrement au sein de l’équipe PRADA. Le Muséum National d’Histoire Naturelle fait aussi de la recherche dans ces domaines, avec en plus un côté évolution. Sur le site de Brunoy et celui de Paris, on peut trouver l’équipe Mécanismes adaptatifs & Evolution MECADEV mais il y a aussi plusieurs stations de biologie marine comme celles de Concarneau, celle de Dinard (CRECSCO) ou encore celle de Roscoff, qui est rattachée au CNRS.
Un annuaire des labos d’éthologie français existe sur le site de la SFECA, pour compléter tout ça.
Depuis quelques années, les DU (diplômes d’université) sur le sujet de l’éthologie se multiplient; Ces formations, plus courtes qu’un master, permettent d’aborder de manière concentrée la discipline. En voici quelques-unes, à titre indicatif. Je ne les ai pas personnellement suivies et ne peut donc pas vous faire un retour détaillé sur le contenu de ces formations. De nouvelles apparaissent régulièrement, j’essaierai donc de réactualiser cette section quand j’aurai connaissance d’autres options.
Il existe aussi des organismes privés qui organisent des formations de qualité, notamment pour devenir comportementaliste ou faire de la médiation animale. Mais attention, toutes les formations ne se valent pas, et certain.es s’auto-proclament spécialistes du comportement animal. Or ce n’est pas si simple. D’autres proposent aussi des tarifs outranciers et ne vous délivrent pas les savoirs-faire nécessaires. Personnellement, je vous recommande les formations données par Animal University et Vox Animae. Plusieurs de mes collègues éthologues enseignent au sein de ces organismes, qui sont dignes de confiance.
Croyez-bien que je compatis vivement, vu que je n’ai moi-même, pas bénéficié de réelle formation en statistiques (rappelez-vous, je suis vieille, et mon master date déjà de 10 ans, époque où mon enseignant de statistiques ne savait pas encore utiliser le logiciel R), et qu’en plus, je me suis toujours auto-persuadée d’être incapable de comprendre quoi que ce soit avec des chiffres. C’était mal barré. J’ai été angoissée par les analyses à chacun de mes stages et, la plupart du temps, mes encadrant.e.s étaient aussi perplexes que moi (je n’ai jamais travaillé avec des fanas de stats). Mais à plusieurs, et en se serrant les coudes, je m’en suis toujours plus ou moins bien sortie.
Mais, comme, en plus de ça, je souffre d’un sévère blocage avec les mathématiques, et donc d’une imperméabilité quasi totale aux statistiques, j’ai compris qu’il fallait que j’aille chercher de l’aide auprès de celles et ceux qui aiment et savent utiliser les statistiques. Ainsi, pendant ma thèse, ce sont mes amis et collègues (Davy Ung, Matthieu Amy et Maxime Pineaux, que leurs noms soient sanctifiés !) qui m’ont aidé à choisir les bons tests et à faire mes analyses. En contrepartie, ils figurent en remerciement ou en co-auteur des papiers publiés pour les remercier de leur temps et de leur investissement.
C’est malheureusement à force d’exercices, dos au mur et les mains dans le cambouis que l’on progresse. Mais si, comme moi, vous bloquez totalement, rien ne vous empêche de collaborer avec quelqu’un. La recherche, c’est aussi un travail d’équipe !
Par ailleurs, ma collègue Nancy, docteure en éthologie elle aussi, a créé une chaîne youtube qui parle de stats de manière ludique, intitulée Stat’apprendra (Jetez-y un oeil !). Les étudiants en éthologie de France et de Navarre, ont aussi tous un exemplaire des guides de statiques rédigés par Denis Poinsot, enseignant au master d’éthologie de Rennes, dans leur disque dur. Statistiques pour statophobes (très justement nommé) et R pour les statophobes sont des incontournables.
Et bien non. Bien que toujours éthologue, j’ai choisi d’arrêter la recherche fondamentale après ma thèse, que j’ai soutenue en décembre 2017. Le côté très compétitif du milieu et l’incertitude d’avoir un poste un jour, ainsi que quelques petites injustices inhérentes au milieu m’ont poussée à chercher une autre voie. Aujourd’hui, je suis indépendante, mais je continue à parler d’animaux à longueur de temps. Pour découvrir ce que je fais, n’hésitez pas à aller voir les sections publications (j’écris des livres) et prestations de ce site (je donne des conférences, dessine, conseille, relit des ouvrages et des textes d’exposition…) ainsi que l’émission de radio que j’anime sur Campus FM.
Alors, malheureusement, puisque j’ai quitté la recherche académique, je ne suis plus chercheuse et donc plus rattachée à aucun laboratoire. Je ne suis donc plus en mesure d’encadrer des étudiant.e.s. Désolée ! Mais n’hésitez pas à chercher des offres de stage, les chercheurs ont toujours besoin de main d’oeuvre.
Pour trouver des offres de stage, ou même pour vous renseigner sur les laboratoires et leurs thématiques de recherche, voici quelques liens qui peuvent vous être utiles :
-le site « après un master étho, éco and co »
-la liste de diffusion de la Société Française d’Études du Comportement Animal (SFECA)
-les offres relayées par la Société Française de Primatologie (SFDP), entièrement dédiée à l’étude des primates.
Même s’il a été rédigé à destination des étudiants de l’université de Rennes à l’origine, le bréviaire du stagiaire de Denis Poinsot (encore lui), regorge d’informations, pour en savoir plus sur les labos d’accueil, comment faire un bon rapport de stage et ce que l’on attend de vous !
Après ma thèse, j’ai suivi un DU de médiation scientifique et j’ai suivi la formation initiale à l’animation délivrée par l’association des Petits débrouillards. En thèse, quand on veut faire de la vulgarisation, il faut le plus souvent expérimenter tout seul, se lancer, parfois avec des ratés. Être un bon scientifique ne garantit malheureusement pas d’être un bon orateur ou un bon vulgarisateur. Ces formations, m’ont permis d’avoir un large aperçu de ce qui existe en vulgarisation des sciences, alors que, j’avais surtout testé le format conférence souvent un poil trop académique et sérieux. Grâce au DU, j’ai pu découvrir le format radio (en tant qu’intervieweuse), les conférences aux formats courts (3 minutes, 15 minutes…), les réseaux sociaux, la conception et l’animation d’ateliers face public et m’essayer à l’organisation d’un événement de vulgarisation scientifique avec du public. Les deux formations m’ont aussi aidé à travailler ma posture face au public, à travailler mon expression corporelle avec du jeune public. Utiliser des mots simples et percutants sans dénaturer C’était très utile et cela m’a permis de rencontrer des acteurs de tous horizons et d’affiner mes compétences, tout en me permettant de mieux définir ce que je préférais faire en matière de transmission des savoirs. Elles m’ont aussi permis de rencontrer et côtoyer de gens de tous âges et d’horizons très différents, ce qui enrichit toujours la vision que l’on peut avoir d’une pratique !
Affiche de l’événement organisé par ma promo.
J’ai dessiné le visuel de l’affiche (sur les 5 sens, vous les avez tous ? )
Au départ, j’ai fait de la vulgarisation scientifique pendant ma thèse car ma directrice française était régulièrement sollicitée par les médias. Elle a pris l’habitude de m’inclure dans ces projets, puis parfois, de me les déléguer quand elle n’avait pas le temps. J’ai donc ainsi eu la chance, très tôt dans ma thèse, d’être interviewée pour la radio, la presse écrite ou la télévision. J’étais au départ très timide et très incertaine (peur de ne pas être légitime, de dire des bêtises), et je me suis rendue compte que l’exercice était intéressant et permettait de faire sortir les savoirs des laboratoires. J’y ai donc pris goût et ai ainsi donné mes premières conférences grand public en 2015, pendant ma thèse.
Faire de la vulgarisation m’a fait beaucoup de bien. Cela m’a permis de prendre confiance en moi, et surtout, je trouvais ça extrêmement valorisant d’avoir des retours du public. En recherche, il peut se passer des années entre la réalisation d’une expérience et la publication des résultats, qui ne seront lus que par une partie infime de la population. Personne ne sait sur quoi vous travaillez ! Parler des animaux aux gens et avoir leur retour instantané est une récompense immédiate et très appréciable. Comme pour des acteurs sur scène, au théâtre, vous savez tout de suite si vous faites rire dans la salle et si les gens passent un bon moment !
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Merci de m’avoir lue et n’hésitez pas si vous avez d’autres questions !
Je les ajouterai à cette FAQ au fur et à mesure.